Des lieux insolites et typiques à découvrir
avec Stéphanie Guidissime Provence©
Particularités et Insolites en Provence

L’amandier est un arbre que l’on peut voir sur le bord des routes de Provence à la fin de l’hiver et qui annonce le printemps…
L'amandier (Prunus amygdalus ou Prunus dulcis) est une espèce de la famille des Rosaceae. C'est un arbre fruitier à fleurs, d'un blanc un peu rosé, qui apparaissent avant les feuilles. C'est le premier arbre à fleurir à la fin de l'hiver de fin février à mars, une période où il gèle encore le matin. Il donne un fruit charnu à noyau (ou drupe) dont la chair à deux valves devient sèche à maturité, ce noyau contenant une amande comestible. Le genre « Amygdalus » a 26 espèces et une longue liste d’hybrides. Pour distinguer les amandiers sauvages de l’amandier cultivé, ce dernier se nomme « amandier commun ». La récolte se fait en juin-juillet pour les amandes fraîches et septembre pour les amandes sèches.
L’amandier s’adapte bien aux régions sèches, comme la Provence au climat méditerranéen avec de longues périodes de sécheresse car il a besoin de lumière, de soleil et d'air sec. Ses fleurs sont sensibles au froid donc il doit être dans une zone qui ne gèle pas à la floraison sinon les températures négatives peuvent causer des dégâts sur les boutons. Il aime les sols caillouteux, secs, pauvres en matière organique ; et, même les sols légèrement salés où il se plaît comme les sols calcaires, sa seule exigence est un sol profond et perméable. C’est pour cela que l’on en trouve en Provence.
Dès l’antiquité, il est domestiqué. Tout d’abord au Proche-Orient pour produire des amandes douces, et ensuite dans tout le pourtour méditerranéen, puis plus tard, à l’époque moderne, dans régions arides du monde entier. La Californie en est un exemple car cet état des Etats-Unis est devenu le premier producteur mondial.
Aujourd’hui, la production en France est en déclin, seulement 799 t en 2017 alors qu’elle était de 4 200 tonnes en 1990. La culture des amandiers était réalisée essentiellement dans les départements des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, des Pyrénées-Orientales et Corse sur 1 142 hectares en 2017. L’amandier se plante en ligne sur de grand espace de terre agricole mais, à l’époque, on le retrouvait le long des champs. La Provence était une des régions qui produisait le plus d’amandes surtout au 19° siècle. C’est pour cela que l’on retrouve l’amande dans de nombreuses recettes de nos traditions locales : le calisson d’Aix, sucrerie à base de pâte d’amande et de melon confit ; le nougat blanc et noir, douceur faite blanc d’œuf et miel pour le blanc ou miel caramélisé pour le noir ; le croquant, un délicieux biscuit…
L'amandier est un des symboles de l'amour et de la virginité car il évoque une robe de mariée puisque les fleurs apparaissent bien avant les feuilles et que chaque rameau se couvre complètement de blanc.
Dans l’art, il a été glorifié par le plus célèbre des peintres : Vincent van Gogh avec le tableau « Amandier en fleurs », peint en février 1890 à Saint-Rémy-de-Provence. Il rend hommage au fils de son frère Théo, Vincent Willem (né le 31 janvier 1890), dont il devient le parrain. Par fierté et pour rendre honneur à cette nouvelle vie, l’artiste représente les branches d'un amandier parce que, comme nous l’avons déjà dit, l’arbre est le plus précoce au printemps qui, en février déjà, se pare de fleurs pour en annoncer son arrivée : comme le nouveau né. Il s'inspira de l'art japonais de la gravure pour représenter un arbre emblématique de la Provence qui est souvent oublié…

Un quartier de la ville de Gardanne, située entre Marseille et Aix
Dans mon quartier se trouve un monument dédié aux mineurs disparus de Biver, quartier ou petite commune appartenant à Gardanne, une ancienne cité minière. Comme vous l'avez probablement compris, je vais vous parler de l'exploitation minière que l'on connaît peu en Provence. Et aujourd'hui, nous verrons d'où vient ce nom étrange "Biver".
Le nom du quartier vient d'un jeune ingénieur des Mines, capitaine d’Etat-major de l’armée belge, Ernest Biver qui décide de faire carrière dans l’industrie en 1854. Arrivé dans notre région pour un poste dans les mines, il impose rapidement de nouvelles techniques d’exploitation et de gestion.
C'est après qu'Ernest Biver découvre le puits de mine en mai 1891 (foncé en 1893) que le village va prendre son nom. Il deviendra "Puits Biver" en 1926 et "Cité Biver" en 1946.
C'est un lieu insolite qui raconte l'histoire de l'exploitation minière en Provence et des "Corons de Provence"...

Le coquelicot : plante inévitable que l’on voit dans nos champs et au bord de nos chemins en été !
Le coquelicot est apparemment originaire de l'Est du bassin méditerranéen. Appelé « Papaver rhoeas » de son nom scientifique, il est une plante herbacée annuelle et appartient au groupe des plantes dites « messicoles », mot venant du latin « messio » qui veut dire « moisson » car ces fleurs des champs sont associées à l'agriculture depuis la nuit des temps. Il fait partie de la famille des « papaveraceae » du genre « papaver » : ce que l’on nomme communément les pavots. Le mot « papaver rhoeas » vient d'une racine indo-européenne « papa » qui veut dire « bouillie », ses graines se cuisinaient ainsi ; et l'épithète « rhoeas » vient du grec ῥοιάς - rhoiás, qui veut dire écoulement (on le retrouve dans le mot « rhume »), à cause du latex qui en sort lorsque la tige est coupée. Son nom vernaculaire, coquelicot, vient d’une version de l'ancien français coquerico (onomatopée du coq) et va déjà s’écrire en 1545 « coquelicoq » car la couleur de la fleur et celle de la crête du coq se ressemble.
Sa floraison, très abondante dans les sols récemment remués, et la mise à graines interviennent avant la moisson grâce à son cycle biologique adapté aux cultures de céréales. Et c’est à partir du printemps, qu’on distingue le coquelicot par sa couleur rouge de ses pétales et par le fait qu'ils forment souvent des tapis colorés visibles de très loin. Très commun dans différents pays d'Europe, il a beaucoup régressé du fait de l'utilisation généralisé des pesticides. Même si nous adulons cette fleur, elle est considérée comme une mauvaise herbe pour les agriculteurs.
Le coquelicot représente « l'ardeur fragile » mais surtout « la consolation » dans le langage des fleurs et, il est aussi le symbole des 8 ans de mariage des noces en France. Certaines personnes disent qu’il serait aussi le symbole de Morphée, dieu du rêve, mais c’est en fait plus précisément le pavot qui ressemble au coquelicot et qui est bien sûr de la même famille.
Dans l’art, c’est une plante qui est couramment utilisé et très représentée. On retrouve le coquelicot bien naturellement dans beaucoup d’œuvres du 19ème siècle et du 20ème grâce aux impressionnistes qui aimaient peindre les paysages, la nature et les champs comme Claude Monet (« Champ de coquelicots » 1873, « Champ d'avoine aux coquelicots » 1890). Il y a aussi Gustave Courbet, chef de file du courant réaliste (« Les coquelicots »), ou encore Gustav Klimt (« Champ de coquelicots » - 1907), le peintre symboliste autrichien, et l'un des membres les plus en vue du mouvement Art nouveau et de la Sécession de Vienne.
Mais je préfère vous parler d’une œuvre de Vincent Van Gogh : « bouquet aux coquelicots » de 1886 (Encart dans la photo) car cet artiste est bien plus connu pour ses tournesols ou ses iris ! D’ailleurs, il lui a été attribué tardivement. Ce tableau, entré en 1957 au sein de la collection du Wadsworth Atheneum de Hartford (Connecticut) et conservé depuis plus de 60 ans, a été authentifié et attribué à Vincent Van Gogh, après plusieurs décennies de spéculations. Louis van Tilborgh, chercheur au musée Van Gogh, a déclaré dans un communiqué : « Certaines de ces incertitudes étaient relatives à des tableaux qui se sont avérés fermement ancrés dans l’œuvre de Van Gogh, et « Bouquet de coquelicots », je suis heureux de l’annoncer, est l’un d’entre eux ». C’est vrai qu’au printemps 1886, Van Gogh arrive à Paris avec son frère, Theo. Le changement de décor va se refléter dans son travail et il commence à peindre des natures mortes de fleurs, puis sa palette sera vibrante, et ses contrastes dramatiques. Il analyse l’organisation florale des artistes japonais inscrits dans le courant ukiyo-e de l'époque d'Edo (1603-1868), et puis se consacrera au travail des « nuances intenses » dans son œuvre.

La Durance est un affluent du Rhône qui prend sa source dans le Dauphiné à 2 390 mètres d'altitude sur les pentes du sommet des Anges. La source se trouve, près de la frontière italienne, sur la commune de Montgenèvre dans les Hautes-Alpes en région PACA. La rivère continue son trajet vers le sud, traversant le sud des Alpes pour arriver dans les Alpes des Haute Provence. Puis, elle poursuit son courant vers l'ouest au sud de la montagne du Luberon où son lit est le plus large. Pour terminer son voyage en se jettant dans le Rhône à quelques kilomètres au sud-ouest d'Avignon, entre le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône dont elle fait office de frontière.
Cette rivière qui fut un fleuve a crée une large vallée alluvionaire dans sa partie sud, la basse-Durance, c'est un des lieux où l'agriculture s'y est développée grâce à la bonne terre qui y fut amenée pendant des millions d'années.
Justement parlons d'un fait insolite, pendant le Miocène (il y a 12 millions d'années), la Durance se dirigeait vers le sud entre la chaîne des Côtes et les Alpilles, passait le seuil de Lamanon, et allait se jeter directement dans la Méditerranée, créant un large delta dont l'étang de Berre et la Crau sont des restes.
Malheureusement, c'est encore une rivière « capricieuse » à cause de ses crues même si elles étaient beuacoup plus fréquentes autrefois. D'ailleurs, la tradition provençale dit que les trois fléaux de Provence étaient le mistral, la Durance et le Parlement d'Aix.
Dans l'art, Guigou et Monticelli, peintres provençaux du 19°s et amis, s’installent à Saint-Paul-lès-Durance et réalisent de nombreux tableaux où elle y figure en décor ou comme sujet. En littérature, les écrivains les plus célèbres de la Provence en font un thème ou un décor : par exemple, Henri Bosco en fait un personnage de son roman "L'Enfant et la Rivière" ; Jean Giono s’en est inspirée comme pour "Le Hussard sur le toit" qui suit lui le cours de la Durance.
Une des plus belles représentations de la Durance est sous la forme d'un groupe sculpté majestueux au palais Longchamp, à Marseille, construit entre 1862 et 1869 par l'architecte Espérandieu afin de célébrer l'arrivée des eaux de la Durance dans la ville, via le canal de Marseille.
Pour monter que la Durance est connue de tous en Provence, et voire en France, elle fait partie d'une chanson célèbre et populaire d'Hugues Aufray : c'est la rivière remontée par le "petit âne gris" dans la chanson éponyme.

L'étang de Vaccarès, dans le delta du Rhône, est situé dans la réserve naturelle nationale de Camargue qui donne le nom au Parc Naturel Régional. Dans la commune des Saintes-Maries-de-la-Mer, il est entouré à quelques kilomètres de distance, à l'ouest par le Petit-Rhône, à l'est et au nord par le Grand-Rhône et au sud par la mer Méditerranée.
Il s'étend sur 6 500 hectares ce qui en fait le plus grand étang de cette zone humide de Provence. On l'appelle "étang" du provençal "estang", cependant ce n'est pas vraiment un étang, c'est ce qu'on apelle en géoglogie un lagon (différent de lagune). Lorsque l'étendue d'eau est séparée de la mer par un récif plutôt que par un cordon littoral, on parle de lagon en français. C'est le cas ici puisqu'il existe bien une terre juste avant le cordon dunaire entre les Saintes-Maries-de-la-mer à l'ouest et Beauduc à l'est. Juste au sud, en bord de mer, se trouve l'étang de Monro, une lagune puisqu'il est détaché de la mer par un cordon dunaire, celui-ci est bien séparé de l'étang de Vaccarès par un récif.
"Vaccarès" aurait pour origine le fait que de nombreuses vaches sauvages paissaient sur ses rives. Le nom en provençal, lou Vacarés (ou Lo Vacarés), signifie tout simplement un endroit où paissent les vaches. Les Camarguais le surnomme la "Grand Mar" car, par sa superficie, il ressemble à la mer.
Du fait de sa dimension (12 km de long), l'étang de Vaccarès est un élément principal du système de contrôle des eaux du delta. Grâce à sa profondeur, qui est inférieure à 2m, il est un lieu important de repos et d'alimentation pour les oiseaux migrateurs, dont le flamant rose qui l'a choisi pour y nicher. A tel point que l'oiseau est devenu un des symboles de la Camargue.
Protégé dès 1927 avec la création de la "réserve zoologique et botanique de Camargue" par la SNPN*, il devient en 1975 réserve naturelle appelée "Réserve Nationale de Camargue". C'est ainsi qu'il demeure l'un des sites camarguais les plus sauvages et les mieux préservés. Même si la baignade et la pêche sont interdites dans l'espace classé en réserve, et réglementées autour sur les zones non classés, la circulation reste libre sur les routes qui longent l'étang pour pouvoir apprécier cette "mer" intérieure et particulière.
En littérature, l'étang est utilisé comme lieu d'action du roman "La Bête du Vaccarès" (La Bèstio dóu Vacarés en provençal) de Joseph d'Arbaud (1874-1950), gardian, écrivain provençal et aristocrate camarguais, qui fut proche du marquis Folco de Baroncelli-Javon. Félibre, comme ce dernier, Joseph d'Arbaud raconte, en provençal, l'histoire de Jacques Roubaud, un gardian de la Camargue du Moyen Age, qui rencontre une bête étrange, moitié chèvre, moitié homme, et douée de la parole.
*Société nationale de protection de la nature (SNPN) est une société savante créée en France en 1854.

Le Félibrige (lou Felibrige en provençal) fondé au château de Font-Ségugne (Châteauneuf-de-Gadagne, Vaucluse), le 21 mai 1854, est un mouvement qui œuvre pour sauvegarder et promouvoir la langue, la culture et l'identité des pays de langue d'oc, notamment la Provence. Voici les 7 jeunes poètes provençaux qui le fondent : Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan afin de restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe.
En 1855, la première création des Félibres fut la publication d'un almanach entièrement rédigé en provençal, "l'Armana Prouvençau" (encore publié aujourd'hui). Et, plus tard, la plus importante des publications sera "Lou Tresor dóu Felibrige" (Le Trésor du Félibrige), premier dictionnaire provençal-français qui aussi propose les divers dialectes de la langue d'oc.
Le mouvement est devenu célèbre grâce à la publication par Frédéric Mistral de "Mirèio" (Mireille en français) en 1859 qui lui a valu de recevoir le prix Nobel de littérature en 1904 : « en considération de sa poésie si originale, si géniale et si artistique, […], ainsi qu’en raison des travaux importants dans le domaine de la philologie provençale »
Le terme « félibre » (felibre), crée par les fondateurs désigne les personnes vouées à défendre la langue provençale. Une femme est appelée félibresse (felibresso ou felibressa).
Paul Ruat (1862/-938, fondateur du Syndicat d'initiative de Marseille) a laissé une définition du terme « félibre » : « Et puis, si on vous demande un jour ce qu'est un félibre, vous pourrez répondre ceci : un félibre est un patriote régional qui aime son pays et qui cherche à le faire aimer; un félibre est un ouvrier de la plume et de la parole qui prend plaisir à parler la langue de son enfance que parlaient ses aïeux ; un félibre est celui qui fait valoir et connaître nos célébrités locales, nos artistes de la truelle, de la scie et du pinceau, afin qu'un rayon de ces gloires du terroir rejaillisse sur la France, pour que la grande patrie soit toujours plus belle, plus forte, plus unie ».
L'origine du mot est un grand mystère qui fait encore débat aujourd'hui mais voici les différentes propositions d'un des plus grands félibres du début du mouvement, Frédéric Mistral qui écrit dans son "Tresor dóu Felibrige" :
« Ce vocable mystérieux, rapidement vulgarisé par les œuvres de ceux qui l'avaient adopté, figure depuis lors dans les dictionnaires français (Bouillet, Larousse, Littré, etc.). Son origine a exercé la sagacité des philologues et bien des étymologies ont été proposées :
1. Felibre viendrait du latin felibris ou fellebris, mot qui se trouve dans Solinus*, Isidore de Séville** et Papias***, et que Ducange**** interprète par « nourrisson adhuc lacte vivens », dérivé du verbe fellare, téter, lequel fellare a donné naissance à filius, fils. Les poètes, de tout temps, ont été dénommés « nourrissons des Muses, alumni Musarum », et, comme le fait observer M. G. Garnier, alumnus, en latin, avait le sens actif et passif et désignait le disciple et le maître, comme escoulan en provençal. [...]
2. Felibre viendrait du grec "philebraïos", « ami de l'hébreu », [...] qui a, de longue date, été appliqué dans les synagogues aux docteurs de la loi.
3. Felibre viendrait du grec"phílabros", « ami du beau ».
4. Felibre viendrait de l'irlandais filea, poète, barde.
5. Felibre viendrait du germanique felibert, dont le sens est encore inconnu.
6. Felibre viendrait du provençal fe, libre, libre par la foi.
7. Felibre viendrait de l'andalou filabre, dont nous ignorons le sens (Sierra de Filabres est une montagne d'Andalousie)
Quant à l'étymologie expliquant felibre par « faiseur de livres », elle ne supporte pas l'examen, attendu qu'elle n'est pas dans le génie de la langue, car on dirait en ce cas fa-libre ou fai-libre. »
*Solinus est un grammairien et compilateur d'expression latine, qui a vécu soit au III°s, soit au IV°s.
** Isidore de Séville ecclésiastique et évêque du VIIe siècle, célèbre pour son œuvre majeure Etymologiae (encyclopédie d'étymologie).
***Papias est un lexicographe de langue latine qui a vécu en Italie au milieu du XI°s.
**** Ducange : Charles du Fresne, sieur du Cange ou Du Cange est un historien, grammairien et philologue français du 17°s, principalement connu par son Glossaire latin.

Une des particularités de la Provence est la végétation typique qui s'y trouve et qu’on appelle la garrigue. Elle s'étend sur les collines de cette région où on peut y accéder rapidement.
C’est une formation caractéristique des régions méditerranéennes qui se développe sur un sol calcaire et occupe environ 400 000 hectares, principalement en Provence et dans le Languedoc. Ce terme est aussi associé à l'étagement de végétation. On peut confondre la garrigue avec le maquis qui s’établit sur un terrain siliceux et que l’on retrouve en France principalement en Corse et aussi, dans notre région dans le massif des Maures et de l’Esterel.
L’origine du mot nous vient du provençal « garrigo » qui lui vient du latin médiéval « garrica » ou « garriga ». Il est probablement lié au terme provençal garric « chêne kermès », arbuste typique de notre région. Autre particularité, c’est que l’on retrouve dans ce terme le préfixe gar : la racine pré-indoeuropéenne (au même titre d'ailleurs que gal, kar ou kal) qui signifie "pierre" ou "rocher", également présente dans les mots calanque, karst, chaux, caillou ou encore Canaille (Cap Canaille).
C'est le lieu adéquat pour de nombreux buissons dont plus communément l'ajonc de Provence (ci-dessus), le pistachier lentisque, le chêne kermès, le buis, le genévrier commun, le genêt scorpion (ou genêt épineux). Puis, on y découvre d'autres buissons plus rares ou alors moins connues comme le genévrier de Phénicie, le nerprun alaterne, le jasmin ligneux, le ciste cotonneux, le camélée, le ciste à feuille de sauge... On y trouve aussi quelques arbres, même si cela reste une végétation typiquement basse, comme le chêne vert, le genévrier cade et un des symboles de la Provence : l'olivier. Il y a aussi les plantes qui font la renommée de la Provence comme la sarriette, le romarin et le thym : les fameuses plantes qui font parties des herbes provençales ; et puis, quelques plantes herbacées très connues telles que le chèvrefeuille, la salsepareille, la garance voyageuse et d'autes moins célèbres comme l'aphyllanthe de Montpellier, l'asphodèle, l'euphorbe, l'ophrys jaune... et bien d'autres...
Dans la littérature, André Gide, écrivain français, écrit dans "Si le grain ne meurt" en 1926 : « Au pont Saint-Nicolas la route traversait le Gardon ; c’était la Palestine, la Judée. Les bouquets de cistes pourpres ou blancs chamarraient la rauque garrigue, que les lavandes embaumaient. Il soufflait par là-dessus un air sec, hilarant, qui nettoyait la route en dépoussiérant l'alentour. (…) Aux abords du Gardon croissaient des asphodèles et, dans le lit même du fleuve, presque partout à sec, une flore quasi tropicale ».
Dans l'art, Paul Cézanne est le peintre qui a le plus représenté cette végatation, même si ce n'était pas le sujet principal, grâce à toutes les oeuvres de la Sainte-Victoire près d'Aix ("La Montagne Sainte-Victoire" 1897-1898 au Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg) ou celle de l'Estaque à Marseille ("Rochers de L'Estaque", vers 1882-1885).

Située dans le département du Var à 16km à l'Est de Toulon, « Hyères-les-Palmiers », de son nom d'usage voulu au XIX°s, est une station balnéaire appelée Hyères (nom officiel).
La commune lui a ajouté "les palmiers" en raison des 7 000 palmiers plantés dans la commune et cultivés dans les pépinières et d'une activité présente depuis le XIX°s : A partir de 1850, les premières tentatives d'acclimatation de plantes exotiques sur la Côte d'Azur se font à Hyères, grâce à des horticulteurs qui exportent palmiers et cactées.
Dès 1830, sous l'impulsion de son maire Alphonse Denis, Hyères devient une station climatique d'hiver qui est réputée pour ses cures thermales. Elle est déjà fréquentée par l'aristocratie et la bourgeoisie, notamment anglaise bien avant Nice et Cannes, car il était trop dangereux à cette époque de traverser en calèche le massif des Maures et de l'Esterel (à l'Est en direction de Nice et l'Italie). Cette activité touristique laissera une empreinte architecturale toujours visible dans le paysage urbain actuel grâce aux résidences secondaires construites, comme "Le Plantier de Costebelle" qui est une maison néo-palladienne construite à partir de 1857 par la baronne Hortense Pauline Husson de Prailly.
Comme beaucoup d'artistes qui viennent dans le Sud-Est pour le soleil et la qualité de l'air au bord de mer, Stéphen Liégeard (1830-1925), homme politique et poète dijonnais dispose à Cannes d'une villa (propriété de sa femme) où il passe l'hiver. Il publie en 1887 le livre "La Côte d’azur" qui donnera son nom au bord de mer de Marseille à Gênes, il y décrit toutes les villes dont Hyères. Il y consacre 7 pages : « Le long de cette plage baignée de rayons qui mérite notre baptême de Côte d’Azur, Hyères, la première, eut l’idée de mettre ses dons bénis au service de la maladie ou de la désespérance. À l’âme frappée, au corps débile, que pouvait-elle offrir ? Sa campagne abritée du mistral [...] ». Ce passage, mal interprété, fait croire que l'écrivain avait eu l’idée de "Côte d’Azur" à Hyères, ce qu'il ne mentionne nulle part dans son livre, ni après dans l'édition de 1894.
L'origine de Hyères remonte au IV°s av. JC. Vers 325 avant JC, les grecs de Massalia y établissent un comptoir commercial fortifié dans le lieu-dit de l'Almanarre : l'actuelle Olbia de Provence. Olbia en grec ancien signifie la bienheureuse, la prospère, la fortunée... C'était une "colonie-forteresse", qui avait pour but d'assurer escale, abri, protection militaire et accastillage aux navires de commerce massaliotes, dans leur route vers l'Italie et inversement. Ce site sera définitivement abandonné qu'au VII°s au profit d'une protection en hauteur sur le rocher où se trouve l'actuel centre historique d'Hyères, vraisemblablement en raison de la submersion du port et de l'augmentation de l'insécurité en bord de mer.
Cependant ce nom ne vient pas de son origine antique. Hyères est citée pour la première fois en 963 sous la forme Eyras à l'ensemble du site : la cité avec sa rade et ses îles. Appelée "Iero" en provençal, le "h" aspiré n'existe pas dans cette langue, ce qui fait une fantaisie graphique tardive. En 1801, la ville s'écrivait soit "Hières" ou "Hyères".
Il vient du mot latin "area" qui signifiait "espace découvert", puis a pris ensuite les sens de "cour, jardin et aire". Donc, il semblerait que ce nom proviendrait des grandes aires de séchage de sel, les salins (Salins-d'Hyères) présents depuis l'Antiquité tardive. Le terme latin "area" désignait aussi des marais salants.

Encadrée par les étang de Berre et de l'Olivier, Istres est en bordure de la plaine de la Crau. Un lieu entre eau et terre, idéal pour les premières peuplades qui s'installent dans notre région.
L'origine de la commune vient du VI°s av. J.-C où fut fondée un petit habitat sur le site dit "l’oppidum du Castellan", au sud de l'étang de l’Olivier et non loin de la ville actuelle. Le lieu restera occupé jusqu’au début du Moyen Âge. A partir du X°s, une fortification seigneuriale qui porte alors le nom de "Ystro" apparaît pour la première fois dans une charte de Conrad le Pacifique, roi de Bourgogne et de Provence où il précise que la ville possède un château (castrum) et qu’elle doit certaines sommes pour des biens de l’abbaye de Montmajour (Arles). À partir de cette période, Istres va se développer autour de ce noyau féodal encerclé par des remparts. C'est ainsi que l'actuel centre ancien prend forme autour de l'église et du château.
C'est plutôt l'époque contemporaine qui marquera la ville avec l'école d'aviation implantée en 1917 : Elle fut une des premières croissances de la ville, puis sera une des plus grandes bases aériennes de France. Le premier essor industriel de la ville est due aux fabriques de soude et engrais à l'étang de Rassuen en 1808. C'est bien plus tard, à partir des années 1970, qu'une augmentation du rythme de croissance va se sentir avec le complexe industriel de Fos-sur-Mer, non loin : une urbanisation rapide avec de nouveaux quartiers entre le centre historique et le hameau de Rassuen. Le nombre d'habitants triplant en une trentaine d'années.
Malgré cette industrie et cette démographie importantes, le centre a gardé son image de village pittoresque établi sur un rocher au bord d'étendues d'eau : un village provençal au bord d'une nature spécifique.

L'Arbre de Judée, ou Gainier silicastre, aussi appelé arbre de Jérusalem, est de la famille des fabacées (Fabaceae et anciennement des Caesalpiniaceae). C'est un arbre à fleurs au feuillage caduc originaire du sud de l'Europe et de l'ouest de l'Asie.
L'arbre sciaphile (qui se plaît à l’ombre) à port étalé est naturellement présent sur les matorrals* méditerranéens, et il craint les gelées tardives. C'est un arbre rustique qui préfère les terrains calcaires et secs, et tolère les sols compactés, ce qui en fait un arbre bien adapté à la Provence et au milieu urbain... Au mois d'avril, cette arbre déploit ces belles fleurs roses voire pourpre vif qui donnent l'impression de se trouver au Japon en période de floraison des sakura....
Son nom lui vient de sa région d'origine, la Judée. Son nom grec est cercis, d'où le nom du genre. Cercis, lui, vient du nom de la navette de tisserand, par allusion à la gousse de l'arbre qui lui ressemble : cette gousse aplatie est le fruit caractéristique des légumineuses.
Selon une légende dont l'origine n'est pas connue et qui viendrait d'un texte apocryphe, c'est l'arbre que Judas Iscariote aurait choisi pour se pendre après avoir livré Jésus. Ses fleurs qui ont la forme de larmes sont celles du Christ, et leur couleur, pourpre représenterait la couleur de la honte. On raconte qu'après le drame, l'arbre s'est mis à fleurir. Comme la floraison est autour de Pâques, les premiers chrétiens y virent un miracle... Mais c’est surtout en raison de son abondance en Israël qu’il a reçu ce nom. On dit qu'il est probablement introduit en Europe au temps des Croisades, par rapport au rôle qu'il a eu dans la Passion du Christ.
En raison de cette association, l’arbre était traditionnellement considéré comme maudit : surnommé "arbre de la trahison" ce qui suggère qu'il a toujours eu une sinistre réputation. C'est ainsi que l'on retrouve rarement cette arbre comme sujet dans l'art, et qu'il sera souvent utilisé dans les églises comme symbole de pardon et de rédemption. Cependant, il était utilisé pour fabriquer des pigments d’artistes et de l’encre d’imprimerie.
Dans la peinture, cette arbre est malheureusement très peu représenté, surtout chez nous en Provence alors qu'il prolifèrent parout. Mais il existe une oeuvre que j'ai trouvé en France : "Arbre de Judée" de Emile Gallé. Né en 1846, à Nancy, il est un artiste, artisan et industriel. Ce fut un défenseur des Arts décoratifs et de leur vocation sociale. Il est passionné de botanique et d'entomologie. Son œuvre découle d'ailleurs de son observation de la nature dont il fait un spectacle. Émile Gallé fut particulièrement lié à Eugène Rousseau, Eugène Vallin et bien d'autres artistes du mouvement des arts décoratifs...
Dans la culture populaire française, l'arbre est cité dans la chanson "Auprès de mon arbre" de Georges Brassens : « J'ai maintenant des frênes, des arbres de Judée, tous de bonne graine, de haute futaie. »
*Fourré, zone occupée par des buissons

Le gros bourg où j'ai grandit a déjà une petite notoriété dans la musique classique puisque c'est le lieu du Festival International de Piano, considéré comme "la Mecque du Piano".
Au coeur de la Provence et niché aux pentes nord de la Trévaresse, il n'a rien a envié des "plus beaux villages de France" de la célèbre montagne du Luberon qui se trouve en face (Parc naturel régional) de part son histoire et sa situation.
Le nom de cette petite ville est assez original dans la région. Il provient du nom du seigneur qui possédait ses terres et où il y venait chasser. Le Seigneur Tarron avait fait construire une maison de chasse au sommet du village actuel, sur un rocher dans la colline. Cité en 1037 sous le toponyme de Roca, le nom de la ville a tout de même une étymologie controversée : La Rocca d'An Tarron (en 1200), Roccha Tarroni (en 1274), Rocca d'en Tarron, Rocca de Tarronis... Qui qu'il en soit, nous sommes bien sur les terres "Le rocher du seigneur Tarron" transformé au fur à mesure des siècle en La Roque d'Anthéron !
C'est déjà une caractéristique curieuse, cependant, une partie de son histoire l'est tout autant...
Nous sommes au 15°s, le siècle de la Renaissance, une période d'évolution des pensées humanistes et de la science, mais aussi de maladies (grippe, peste...), d'hivers glacials qui dévoloppent les disettes et le famine puis en autre, les guerres, et un siècle qui est encore marquée par la Grande Peste Noire" du 14°s (1347-1352) qui a décimé plus de 50% de la population.
C'est dans ce contexte que Jean de Forbin, fils de Jean II, seigneur de La Barben et d'Autan, signe avec 70 familles de colons un « acte d'habitation » : La Roque-d'Anthéron renaît et le centre de la ville actuelle va être construit. Parmi ces colons, un grand nombre sont des fils des colons vaudois implantés depuis une génération dans Luberon, ils viennent essentiellement de Cabrières d'Aigues.
Autre singularité, entre 1557 et 1558, c'est ici qu'Adam de Craponne, ingénieur du Roy, ouvre un canal révolutionnaire transportant l'eau de la Durance depuis La Roque jusqu'à Salon-de-Provence qui sera rallongé plus tard (1581) par les frères Ravel, anciens anniveleurs d'Adam de Craponne, jusqu'à la plaine de la Crau et Arles. Ce canal éloigna le spectre de la soif dans la ville de Nostradamus et permet la construction de moulins sur son cours.

La Valériane est une plante que l’on peut voir sur le bord des routes et des chemins de Provence, et bien sûr dans nos jardins…
La valériane est le nom courant en français qui correspond à environ 150 espèces de plantes de la famille des « Valerianaceae », majoritairement du genre « valeriana ». Ce nom viendrait de la province romaine de Valeria, en Pannonie, une ancienne région de l'Europe centrale. Et comme on pourrait le croire par son étymologie, il ne viendrait pas du latin valere (vaillant, valeureux).
Sur ces photos prises dans mon quartier, on découvre l’espèce nommé le Centranthus ruber, souvent appelé « valériane des jardins » ou surnommé « lilas d'Espagne » grâce à ses origines méditerranéennes. Ce n’est pas un arbuste, mais une robuste vivace. En abondance de mai jusqu’au début de l’automne, les fleurs de valériane des jardins peuvent être blanches, roses ou rouges. La valériane rouge appartient depuis peu à la famille des caprifoliacées et non des valérianacées.
On distingue la « valériane des jardins » ou « valériane rouge » (Centranthus ruber) qui se contente des terres pauvres et bien ensoleillées, et sa cousine la valériane officinale (Valeriana officinalis) qui préfère les sols plus frais et la mi-ombre. Je vous en parle car on connaît bien cette variété comme plante médicinale. La valériane officinale est utilisée en huiles essentielles mais aussi en gélules et tisanes : sa racine possède des bienfaits antistress qui facilitent le sommeil.
Les représentations dans l’art sont presque nulles sauf dans des livres. Par exemple ici, sur le diaporama où vous remarquez le détail d'une planche d’un manuscrit qui représente une tige de valériane [Pseudo-Galien, Kitâb al-diryâq (Livre de la thériaque). Jazirah ?, 1199 - BNF, Manuscrits (Arabe 2964)]. Cet ouvrage présente les plantes qui entrent dans la composition de la thériaque. Il comporte 13 planches de plantes et chaque planche, composée de 6 cases, montre un des ingrédients. Le nom de chaque espèce est inscrit au-dessus de l'image en caractères coufiques ornementaux.
La thériaque est un contrepoison rapporté à Rome par Pompée, puis développé par Andromaque (médecin de Néron). Et plus tard, Galien, médecin de Marc Aurèle (IIème siècle), contribua à sa renommée extraordinaire ! Elle était réputée efficace contre toutes sortes d’empoisonnement : par les plantes comme le pavot et la ciguë, par les morsures comme celle du chien enragé ou de la vipère, par les piqûres comme celle du scorpion ou de la cantharide… En fait, efficace contre tous les empoisonnements et toutes sortes de venin, elle aurait été aussi contre la peste et de nombreuses maladies…
Préparée par les apothicaires, la composition de la thériaque a beaucoup varié ; et celles concoctées à Venise et à Montpellier étaient très renommées pendant la période moderne. Avec plus d'un an et demi de préparation à cause de la fermentation, sa recette comprend plus de 60 ingrédients végétaux, minéraux et animaux : du vin et du miel, de la gentiane, poivre, myrrhe… de la chair séchée de vipère et des rognons de castor, par exemple. La formule est passée de 74 ingrédients à l’antiquité puis réduite à 58 avant la révolution pour arriver à 52 lors de la dernière préparation publique qui eut lieu en septembre 1790. Consommée jusqu'à la fin du XIXème siècle, la thériaque fut supprimée du Codex en 1884 pour diverses raisons dont le rejet de la médecine empirique à cette époque.